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Mycorhizes et agriculture

Les modèles d'agriculture dominants

     Les agriculteurs sont très souvent à la recherche des meilleurs rendements pour leurs cultures. En effet, il leur faut d'une part contribuer à nourrir une population humaine en constante augmentation, et d'autre part s'assurer des revenus suffisants à leur subsistance. La courte vidéo qui suit, provenant de FutureMag-Arte, explique les grandes évolutions agricoles au fil des siècles.

 

     Ainsi, le modèle agricole dominant actuellement, surtout dans les pays du Nord économique, les plus industrialisés, est celui d'une agriculture intensive, héritière de la première Révolution Verte. Sa philosophie est d'adapter l'environnement à la plante et à l'agriculteur, aux dépens des équilibres naturels des écosystèmes, dont les symbioses mycorhiziennes sont partie prenante. Dans ce modèle, l'emploi répété de fongicides est particulièrement nuisible aux champignons.

     Ce modèle ne possède aucune viabilité sur le long terme. En effet, il renforce la fragilité économique des agriculteurs, en les rendant dépendants de l'achat de nombreux intrants couteux (pesticides, engrais ...), et surtout il est dévastateur pour la planète, la biodiversité et la santé.

   

 

Avantages d'un modèle alternatif 

De nouveaux modèles alternatifs se développent donc ces dernières années, et l'utilisation renforcée des mycorhizes semble être une piste à explorer pour cumuler réussite économique et réussite écologique.

  Les pratiques de mycorhization contrôlée, en appui ou en substitut aux symbioses naturelles, sont en plein essor. Elles consistent à ajouter au sol des inoculants mycorhiziens, contenant des champignons et se présentant sous des formes variées (billes, poudre, terre), souvent après avoir au préalable purifié le sol. La terre ainsi enrichie est prête à accueillir les différentes cultures.

Les avantages sont nombreux. Certains d'entre eux vont être détaillés ici.

   La plante profite bien entendu de l'apport des mycorhizes. En effet, celles-ci favorisent la croissance végétale et le captage des éléments nutritifs, comme cela a été détaillé précédemment sur ce site. La symbiose est alors la source nutritive privilégiée du végétal, lui permettant de puiser de grandes quantités des fameuses substances NPK (Azote, Phosphore, Potassium). En cela, la mycorhization est un substitut idéal aux engrais de synthèse, dont l'unique objectif est de pourvoir aux besoins de la plante en ces trois minéraux. Elle est particulièrement importante pour le phosphore. En effet, celui-ci est à l'heure actuelle un problème majeur. Epandu sous forme insoluble, il est très difficilement captable pour les plantes, qui ont besoin de la forme soluble, l'orthophosphate. La technique actuelle consiste à fournir toujours plus d'engrais, faisant craindre une pénurie rapide. L'utilisation du phénomène naturel de mycorhisation permettrait une meilleure récupération du phosphate par la plante, via le mycélium du champignon. Les ressources accumulées dans le sol mais non utilisables par les plantes dans les conditions actuelles pourraient être en partie récupérées.

  La mycorhization est particulièrement efficace dans des sols naturellement pauvres. Leur application à la sylviculture et à l'agriculture tropicale parait très intéressante, pour remédier à des conditions pas toujours propices à la productivité, notamment des sols pauvres et des engrais peu ou pas usités.

    L'utilisation des mycorhizes est particulièrement aisée pour les agriculteurs. Elle ne nécessite qu'une seule inoculation, au début de la vie végétale, contrairement aux engrais qui doivent être régulièrement épandus. Elle n'est pas incompatible avec l'utilisation d'herbicides, d'insecticides, voire de certains fongicides (les espèces mycorhiziennes étant souvent bien différentes des parasites visés par les produits).

 

  Toutefois, c'est évidemment dans l'objectif de la transition écologique des systèmes agricoles que la mycorhization doit être évoquée. Les piliers des systèmes agro-écologiques, à l'exemple des terres certifiées AB (Agriculture Biologique), sont, d'une part, le retour à des pratiques paysannes, mais aussi et surtout une meilleure appréhension des cycles biogéochimiques des végétaux, incluant le phénomène de symbiose. Les effets sont alors bénéfiques pour l'environnement, mais aussi pour la santé.

 

 


Des apports méconnus

 

Voici quelques apports méconnus des mycorhizes à ces pratiques :

  • Les plantes cultivées en associations symbiotiques présentent souvent des caractéristiques gustatives et nutritionnelles qualitativement supérieures. En effet, les symbioses permettent à la plante de libérer nombre de métabolites secondaires, comme des flavonoïdes, des huiles essentielles ou des oligo-éléments. Ceux-ci contribuent à renforcer les qualités gustatives du végétal, et à lui conférer des propriétés bénéfiques, notamment anti-oxydantes.

  • Les réseaux mycorhiziens peuvent conférer à la plante une résistance accrue à la sécheresse, permettant de concevoir des systèmes agronomiques économes en eau.

  • Les champignons libèrent une glycoprotéine, la glomaline, qui, selon plusieurs études, peut contribuer à la stabilité structurelle du sol, en agrégeant les particules entre elles. Le bénéfice serait évident pour la recherche de l'amélioration agronomique des sols. La glomaline existe depuis que les mycorhizes sont apparues, soit depuis plus de 425 millions d’années mais n’a été découverte qu’en 1996 par Sarah Wrigth de l’USDA (Département de l'Agriculture des Etats-Unis). Celle-ci contribue directement au renouvellement du stock de matières organiques du sol car elle se décompose difficilement et s'accumule, formant une partie de l'humus. Des études estiment même que cette proportion représenterait le tiers du carbone séquestré dans les sols de la planète. Ce qui est absolument énorme ! Ainsi, de part ces propriétés, le réseau de mycélium mycorhizien contribue physiquement, chimiquement et biologiquement à la formation et à la stabilisation des agrégats du sol, ainsi qu'au maintien d'une quan de matières organiques, elles-mêmes facteurs de plus grande stabilité structurale.

   Enfin, il est intéressant de noter que la mycosylviculture, et notamment la trufficulture, est entièrement basée sur la symbiose entre un arbre (souvent le chêne), et un champignon.

   A noter: l'utilisation des mycorhizes en agriculture n'est efficace que si les pratiques culturales sont adaptées à leur développement.

Les facteurs positifs et négatifs sont résumés ci-dessous :

 

 

Facteurs culturaux positifs et négatifs sur la mycorhization en agriculture

Vue microscopique d'un champignon mycorhizien arbusculaire se développant sur une racine de maïs : les corps ronds sont des spores, et les filaments filiformes sont des hyphes. La substance qui les enrobe est la glomaline, révélée par un colorant vert marqué d'un anticorps contre la glomaline.

Ce qu'il faut retenir

      Les modèles d'agriculture intensive ne possèdent aucune viabilité sur le long terme. Dans l'optique de remplacer ces types d'agriculture, se développent de plus en plus de modèles dits "alternatifs". Par exemple, la technique de mycorhization contrôlée est en plein essor. 

      L'usage des mycorhizes semble en effet avoir un impact très positif sur la richesse du sol et le milieu environnant. Les symbioses mycorhiziennes favorisent une plus grande résistance, l'hydratation et la nutrition des cultures et sont notamment à l'origine de la stabilité structurelle du sol par la libération d'une glycoprotéine (glomaline).

Vous pouvez accéder directement à la sous-partie "L'exemple de la trufficulture" en cliquant ici
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